L’histoire de l’hypnose : l’antiquité

Le mot hypnos est relié au dieu grec Hypnos qui, pendant le sommeil, répare le corps, cicatrise les plaies et console les patients. En fait, l’hypnose n’est pas un sommeil : c’est une modification de l’activité de la conscience caractérisée par une orientation de l’attention.

Bien avant l’hypnose à proprement parler, les états de transe étaient utilisés à des fins thérapeutiques : on sait que déjà les hommes du paléolithique utilisaient la transe provoquée par la danse à des fins de guérison, que les chamanes de tous les continents se mettaient en état modifié de conscience avec les chants, des tambours, des flûtes, des danses et d’éventuelles potions magiques, état les amenant à avoir des visions susceptibles d’apporter de l’aide à une personne, à la tribu, à un animal.

L’origine de l’hypnose est très ancienne. Elle était déjà utilisée en Grèce dans les temples d’Épidaure. Les prêtres guérisseurs, les « iatromantis », littéralement « voyants médecins », (terme qui désigne aussi Apollon, et Asclépios, le fils d’Apollon), proposaient d’abord des pratiques de purification s’étendant sur plusieurs jours. Etaient associés, diètes, massages, bains : à Épidaure, de nombreuses sources chaudes et froides attestent de l’utilisation de ces eaux à des fins soignantes.

L'hypnose dans les pratiques antiques de guérison

Stèle de guérison : Musée archéologique d’Athènes sources

Ensuite, les prêtres faisaient rentrer les malades dans l’Abaton, sanctuaire sacré situé au centre du temple. Ils y absorbaient des substances particulières, vraisemblablement soporifiques, induisant « l’incubation » (enkoimesis), le sommeil du temple, un état de sommeil particulier, un état modifié de conscience, au cours duquel le Dieu guérisseur, Asclépios apparaissait en rêve. Les prêtres sacrés, les Asclépiades, interprétaient ensuite les rêves, utilisaient des suggestions thérapeutiques et prescrivaient cure, diète, pratique gymnique et conseils avisés.

Les débuts de l’hypnose cotemporaine

À la même époque, James Braid utilise le terme hypnos, « sommeil » pour désigner un état particulier, un état de sommeil profond, induit par la fixation sur un objet brillant, pendant lequel le patient est sensible aux suggestions. Il utilisera cette méthode, notamment pour obtenir l’anesthésie lors d’interventions chirurgicales (l’utilisation de l’éther ne se développera qu’une vingtaine d’années plus tard). Le Professeur Bernheim de Nancy confirme ensuite l’importance de la suggestion dans l’acte thérapeutique, suggestion qui devient active lorsqu’elle se transforme en autosuggestion : « La suggestion c’est l’acte par lequel une idée est introduite dans le cerveau et acceptée par lui. »

Au XIXe siècle, Jules Cloquet (1790-1883), chirurgien, anatomiste, utilise l’acupuncture et l’hypnose à l’hôpital Saint-Louis. En 1829, il publie le premier cas de cancer du sein opéré sous hypnose et sans douleur.

En 1954, l’hypnose est utilisée en obstétrique en Russie et se développe en France, grâce aux travaux de traduction et de synthèse des publications Léon Chertok (dont la grand-mère, en Lituanie, pratiquait le chamanisme) et au Dr Fernand Lamaze, pionnier de l’accouchement sans douleur.

Evolution de l’hypnose

Au XXe siècle, le psychiatre Milton Erickson (1901-1980) marque l’histoire de l’hypnose et de la médecine en proposant (loin des théories de Freud) l’idée d’un inconscient « collaborateur », source de nos ressources, faite de nos expériences de vie, entre autres, travaillant en parallèle et à l’insu de la conscience. Il abandonne les suggestions directes « dormez, je le veux » pour n’utiliser que des suggestions indirectes et des métaphores. Ernest Rossi (1933-2020), principal collaborateur d’Erickson invente l’expression « hypnose et thérapie de la guérison corps-esprit ». À sa suite, il développe les thérapies brèves. Dans les années 1990, l’état hypnotique a été identifié et caractérisé en imagerie médicale. En 1997, Pierre Rainville et Marie-Elisabeth Faymonville ont publié une étude dans la revue Science, sur le mode d’action des suggestions hypnotiques sur le cerveau dans le contrôle de la douleur : les suggestions hypnotiques diminuent l’activité du cortex cingulaire antérieur, région reliée au système limbique et aux émotions. Plus récemment, les IRM fonctionnelles ont donné une validation à l’hypnose, montrant que dans cet état, certaines zones du cerveau travaillent de manière synchrone, induisant des modifications, des modulations et des restructurations. Jean Becchio propose alors le terme de processus dynamique de la conscience en 2015 pour remplacer celui d’état modifié de conscience.