L’hypnose, une capacité naturelle de notre cerveau

L’hypnose est une des nombreuses modalités du fonctionnement naturel et habituel du cerveau humain, une capacité à laquelle on peut avoir accès. C’est « une expérience d’imagination guidée dont la conséquence est une hyper-suggestibilité, une augmentation de la réceptivité. Cet état est amplifié avec l’aide du thérapeute. La vie est en effet une flamme, qu’on peut activer ou désactiver (Jean Becchio, 2014).

C’est un état de conscience dans lequel on tourne son attention vers l’intérieur sans perdre le contact avec le monde extérieur : il n’est pas possible de cambrioler une boutique en mettant les vendeuses sous hypnose ! Tout le monde a vécu des moments de transe naturelle, en train, en regardant le paysage à travers la vitre, dans une lecture, en regardant un film en étant fasciné par l’histoire du héros, en écoutant et regardant un orateur, homme politique ou autre, sur la plage, abandonné sur le sable chaud à écouter le bruit des vagues, en dansant sur certaines musiques, lorsque nous rêvons, imaginons, lorsque notre regard est capté par une image sur un mur ou encore pour les artistes, en étant plongés dans leur inspiration créatrice et bien sûr en état amoureux… : on est ici et ailleurs à la fois.

Dans la transe naturelle (quand nous sommes « dans la lune ») nous sommes présents et absents en même temps. Cet état est essentiel pour notre équilibre psychique. Il permet de faire des liens entre toutes nos expériences et de digérer, d’intégrer « nos expériences de vie », sans pour autant les effacer. C’est une hyper sensorialité, un hyper-réveil qui peut être réalisé seul (c’est l’autohypnose, pratique complémentaire très utile en cas de maladie chronique) ou avec l’aide d’un hypnothérapeute.

L’autohypnose consiste à rentrer par ses propres moyens en état modifié de conscience. Il existe une multitude de techniques.

Jean Becchio crée le terme d’hypnose psycho-dynamique, de thérapie d’activation de conscience.

L’hypnose, c’est un processus psychodynamique que tout le monde possède. Lorsque nous apprenons à le développer, il crée des modifications de structure du cerveau en facilitant la communication entre le corps et l’esprit, le conscient et l’inconscient. L’inconscient c’est « cette cité mythique et réelle, gardienne de nos expériences passées et présentes : en son centre jaillit l’inépuisable fontaine de nos ressources, notre sagesse intime » ; « un immense magasin de solutions » selon Milton Erickson.

L’anthropologue Teresa Robles, docteur en psychologie, présidente du centre Milton Erickson de Mexico parle de « la sagesse universelle qui est à l’intérieur de nous ». L’inconscient a, à sa disposition, notre potentiel psychique en partie caché parce qu’il a été oublié ou enfoui. L’hypnose travaille avec nos archives secrètes, nos ressources intérieures, constituées de toutes nos expériences de vie, nos apprentissages conscients et inconscients, par lesquels nous développons des capacités et des aptitudes, par lesquels nous développons notre élan vital en intégrant nos objectifs et nos idéaux.

Pour Teresa Robles, se basant sur les concepts de la physique quantique, toute l’information de l’univers est en nous. L’univers est un hologramme, dans chaque partie réside l’information de la totalité. Avec l’hypnose, il est possible de réécrire différemment l’histoire de sa vie et de trouver en nous des ressources pour cicatriser des vieilles blessures, et cela consciemment ou inconsciemment. L’hypnose permet de dépasser certaines de nos limitations, de développer notre intuition et de résoudre des problèmes dans de nombreux domaines.

« On ne traite pas des pathologies avec l’hypnose, on ouvre des potentialités », dit encore Jean Becchio.

Le rôle du médecin est d’apprendre au patient la meilleure façon d’utiliser son propre processus hypnotique à travers des exercices d’autohypnose, d’auto-activation de conscience.

Cet état peut être provoqué par la respiration, le vécu sensoriel. « La sensation corporelle est la pagaie qui permet de gérer le flot tumultueux des émotions », l’évocation d’un souvenir, un rêve éveillé si nous convoquons l’expérience sensorielle associée (le paysage sonore, les couleurs, l’ambiance, le goût du souvenir), « dans ce paysage de montagne que vous aimez, vous voyez les rochers, les herbes, entendez le bruit du torrent et peut être les cloches des animaux, vous sentez l’air sur votre visage et… » ce qui va permettre au patient d’entrer en transe plus facilement.

La transe hypnotique peut être amplifiée en créant une expérience synesthésique, un phénomène neurologique qui réside en l’association d’impressions associant deux ou plusieurs sens : « Voyez la couleur des sons que vous buvez… » « Laissez-vous bercer par cette musique, celle de votre souffle, cette vibration qui se mélange aux vibrations des couleurs, aux sensations physiques. »

Les poètes utilisent ce langage :

« Il sonne une cloche de feu rose dans les nuages. » (Illuminations, A. Rimbaud)


Références bibliographiques :

Jean BECCHIO, « Cours d’hypnose médicale« , CHU Kremlin-Bicêtre, 2013.

Jean BECCHIO, Bruno SUAREZ, « Du nouveau dans l’hypnose, les techniques d’activation de conscience« , Éd. Odile Jacob, 2021.

Teresa ROBLES, « Apprenons par l’autohypnose à cheminer dans nos vies« , Éd. Satas, 2005

François ROUSTANG « Il suffit d’un geste » , Odile Jacob, 2003

François ROUSTANG, « Qu’est-ce que l’hypnose? » , Ed Minuit, 1994

L’agentivité est le terme choisi par le psychologue canadien Albert Bandura pour définir la capacité humaine d’influer intentionnellement sur le cours de sa vie et de ses actions.