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MISSION PONDICHERRY – ACUPUNCTURE SANS FRONTIERE (ASF) – FRANCE
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31 JANVIER – 11 FEVRIER  2011
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Deuxième mission ASF France

JOURNAL DE BORD 

Vendredi 28 janvier 2011

Courte nuit : arrivés à 2h à l’hôtel « New Woodlands » choisi par le docteur Vaman, future antenne locale d’ASF, nous allons au Kalakshetra Center voir s’entraîner danseuses et musiciens. Chants d’oiseaux,  magie des mouvements et de la musique, tampura, sitar, tablas, chants issus du Rig Veda : le raga, mélodie, se combine au tala, séquence rythmique tapée dans les mains par les auditeurs et jouée sur des tablas.

Rickshaw perdus dans l’immensité de Chennaï : le chauffeur qui parle tamoul, a du mal a trouver la clinique du docteur VAMAN, acupuncteur médecin ayant été formé à l’acupuncture à Harvard. Formé à l’acupuncture du scalp Matsumoto, de Nagano, à l’auriculothérapie, aux microsystèmes ainsi qu’à l’acupuncture de la bouche (zone réflexe très utile dans des douleurs de la face et de la tête). Il utilise la médecine ayurvédique en complément, à la place de la phytothérapie chinoise. Utilise la marque Himalaya, qu’on peut se procurer en Europe. Il nous donne en cadeau 2 pots de gélules : SERPINA, pour soulager les douleurs rebelles, et LIV 52 pour drainer le foie (et maladies métaboliques, HTA cholestérol) : 1 matin, 1 le soir dans du lait, remède qui est remboursé en suisse, dit-il. Il est praticien AYYSH (Ayurveda, yoga-therapie, yunani-muslamic (médecine du temps des califes), homéopathie, Siddha médecine (médecine du sud de l’Inde, proche de la médecine ayurvédique, à base de plantes). Il pratique également la médecine orthomoléculaire. Son site est : http://www.medaku.com/

La médecine ayurvédique avait été supprimée par les britanniques, comme la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC) par les chinois.

Parle des résultats qu’il a obtenus dans les phases immédiates suivant un AVC. Le docteur Vaman serait d’accord pour venir consulter 2 jours par mois à Pondy. Il soigne 20% de sa clientèle gratuitement et fait payer ceux qui ont de l’argent.

Pas de sécurité sociale en Inde; Des hôpitaux payés par l’état (Indian Medical Council ) pour les pauvres et des assurances pour la classe moyenne. Il nous fait part de son souhait de créer une fédération d’acupuncture en Inde ainsi qu’un registre des acupuncteurs en Inde. Il est d’accord  pour accepter les non médecins mais s’ils ont été formés aux notions de base de biomédecine.

Il a été mis en contact avec ASF par l’intermédiaire de Monique Gely.

Rickshaw dans l’infernale circulation à contre courant, à gauche où nous essayons de trouver le centre de la société théosophique (en fait il faut demander Adyar Alamaram), de l’autre côté de l’Adyar, au sud de Chennaï : c’est un magnifique parc avec des banians centenaires, le plus vieux a 4 siècles, des frangipaniers, des flamboyants et autres espèces diverses, des oiseaux, et le silence. La librairie propose de nombreux ouvrages sur le yoga, Krishnamurti, Leadbeter et la société théosophique.

La journée se termine par la visite du temple de Kapaleeshwarar, dédié à Shiva, à l’architecture dravidienne, avec un gopuram, tour/porche coloré, un mandapa, pavillon situé devant le temple, ainsi qu’un immense bassin.

A la tombée de la nuit commence un spectacle de BARATANATHIAM, SRIDEVI NRITYYALA TRUST, Satyam sivam Sundaram…

Magie des coïncidences qui nous fait terminer la journée dans la danse, les parfums d’encens et le son lancinant de la tampoura, comme nous l’avons commencée.

Samedi 29 janvier 2011

De Chennai à Pondichery en visitant les splendides temples de Mahabalipurram.

Dimanche 30 janvier2011

Lundi 31 /1/2011 – premier cours :

Accueil chaleureux du chirurgien spécialiste en chirurgie cardiaque de l’hôpital Padmavati, le docteur Elangovan. Derrière son bureau trônent les reproductions de Bramah, Shiva, Vishnou ; celles de Shri Aurobindo et Mère. Avant chaque journée de consultations et d’interventions, une prière est faite pour recevoir toute l’énergie nécessaire pour soigner le mieux possible.

Salutations cordiales. Meilleur accueil fait. Le docteur Elangovan nous offre à chacune un bouquet de fleurs. La salle de cours est une magnifique salle de conférence  avec un assistant (SIVA) qui s’occupe de toute la partie technique (ordinateur…).

Nos étudiants sont 2 étudiantes infirmières :

  • VISHNOU, un siddha médecine acupuncteur très motivé parlant bien l’anglais.
  • HEIDI, une suisse allemande habitant à Auroville et exerçant à Auroville Quiet-Healing Center, comme acupunctrice et praticienne de shuatsu : elle a une formation de heil-pratiker.

puis :

  • ALEXANDER, médecin généraliste russe de 32 ans, à Auroville depuis 2 ans.
  • SATISH, infirmier à Certh India.
  • KUMAR, kinésithérapeute à Certh India.
  • AROUL MODJI, siddha docteur, pratiquant l’acupressure.
  • GANDANASSAN, médecin acupuncteur de Bengalore, pratiquant l’acupuncture et la médecine humanitaire.
  • RAMESH NYAS, acupuncteur, généraliste et diabétologue (le diabète a une incidence qui augmente énormément en Inde).
  • ARUVI MUGUNDAM, une femme ayant une formation d’acupuncture, de siddha medecine (médecine traditionnelle du Tamil Nadu, proche de la médecine ayurvédique, originaire du Nord de l’Inde).
  • Une technicienne de laboratoire : LAKSHMI.
  • SENTHIL, un jeune médecin anesthésiste.
  • VINCENT, un masseur kinésithérapeute français vivant à Pondi.
  • 4 autres médecins généralistes indiens (dont PADMANABAN, AMBARASSAN).

Le groupe semble très intéressé.

Questions posées :

  • quel est le nombre de séances pour traiter anémie ?
  • points autorisés pour la grossesse ?
  • triple réchauffeur ?
  • quel est le rapport entre énergie et sang ?

Certains ont commencé à traiter par acupressure.

L’énergie de travail est bien présente dans ce groupe. 

Mardi 1/2/210.

Apres avoir été dans le dispensaire Nicole Durieux, subventionné par l’association Raoul Follereau et une trentaine d’autres associations diverses, dans le quartier des lépreux, deux de nos élèves, Kumar et Satish, nous accompagnent au dispensaire de Certh India. Là, nous discutons avec l’infirmière responsable qui nous montre le panneau indiquant l’état de santé du village, les revenus des habitants, le nombre d’enfants et nous rencontrons le docteur BALASSOUPRAMANIAM, plus simplement le docteur BALA, responsable de l’Hôpital de Certh India et Monique GELY, responsable de l’association ADISE qui s’est beaucoup investie pour le centre et le dispensaire.

Le docteur BAMA nous assure qu’il nous ouvre son dispensaire pour des consultations matinales quotidiennes en acupuncture. Nous allons voir les salles de consultation. C’est parfait.

Lui-même a fait ses études en France, puis a travaillé en Algérie pendant 6 ans et, bien qu’ayant la nationalité française, il décide de s’installer à Pondy pour soigner les démunis. Il a établi un programme pour les enfants des lépreux, programme de scolarisation, culturel et de développement.

Son aide sera précieuse.

Claudine montre un diaporama sur les langues. Nous reprenons le schéma énergétique, les principes d’examen du patient, les 8 règles, la régulation sang-énergie.

Apres la pause, atelier de pose d’aiguilles, et explicitation des notions de tonification et dispersion.

Mercredi 2 /2/2011

A Certh India, salutation au médecin responsable, et à l’infirmière chef qui est tout heureuse de nous montrer les locaux mis à notre disposition. La salle est entièrement nettoyée. 2 tables recouvertes d’un tissu et un lit. Très rapidement les malades arrivent. Nous commençons les consultations : 3 malades sont vus ce matin,  des pathologies rhumatismales chez des personnes de plus de 50 ans.

Nous devons interrompre à 11 h pour assister à la petite fête organisée par les enfants handicapés pour le groupe de français soutenant une association de brodeuses du village de lépreux. Le docteur BAMA nous invite ensuite au restaurant Surfuru, Mission Street.

Apres midi, cours sur les points shu antiques, certains connaissent déjà et comprennent. Pour les autres, après la pause nous leur faisons chercher les points de tonification et de dispersion des méridiens avec le système du cycle d’engendrement et le cycle Ke. Puis pratique par groupe de trois, localisation des points Shu, en particulier King et He.

Jeudi 3 février

Au dispensaire Nicole Durieux, nous soignons 4 personnes.

4 étudiants participent à la consultation Nous recevons une  malade qui a des douleurs variées et des cystites : cela permet de poser le problème d’une formation médicale préalable et d’insister pour que ceux qui bénéficient de la formation s’engagent auprès du docteur VAMAN de poursuivre une formation de ce type.

Cas complexe d’une personne qui consulte pour des douleurs du genou et du dos,  et a également un problème de psoriasis, du diabète  ; Le choix de soigner la brindille ou la racine, l’aigu ou le chronique est posé.

Cas de la maman de KOUMAR, fatiguée, triste, hypertendue, diabétique (ne s’entend pas avec la belle fille de son fils, elle ne voit donc plus son fils, son mari a, par ailleurs, eu deux AVC).

Nous nous organisons eu deux groupes, un supervisé par Claudine et un par moi-même, chacun recevant deux malades. L’après midi, au programme, le passage entre les différents vaisseaux,  assuré par Claudine, et les tendino- musculaire.

Apres la pause le médecin anesthésiste accepte de se faire piquer pour une douleur d’épaule. Claudine le traite et les étudiants sentent bien l’énergie perverse sortir du 14 TR. Le patient semble soulagé : à suivre, mais c’était très explicite.

Vendredi 4  février  

Un seul malade au dispensaire une femme présentant douleur du cou et des genoux dans un contexte de vide d’énergie.

Cela permet de bien repréciser le diagnostic à faire après l’interrogatoire et la prise des pouls, l’examen de la langue et l’établissement d’un diagnostic en termes de MTC. Nous insistons sur l’importance du diagnostic de vide ou plénitude d’énergie ou de sang.

Je propose aux étudiants de me soigner, ayant une gastro. ARUVI ne peut s’empêcher de me faire du « healing »  même temps, mais il faut reconnaître que cela sera radical.

L’infirmière cadre  arrive et elle sera la troisième personne de la matinée

12 étudiants sont présents au cours : KOUMAR et SATISH, VINCENT et HEIDI, les 4 infirmières, ALEXANDRE le médecin anesthésiste, et deux acupuncteurs non médecins.

Apres une révision rapide des liens entre les vaisseaux, le cours d’hier sur les tendino-musculaires, Claudine présente un cours passionnant sur les Luo.

Apres la pause, travail de localisation des points et traitement d’une étudiante (ARUVI) présentant un problème de TM à l’épaule.

Dans le taxi, dont nous avons à préciser le prix, qui varie selon qu’il a ou non la clim (100 roupies de l’heure sans la clim, 150 avec la clim), Vincent pose plein de questions, il est passionné et continuera de toute évidence le travail commencé.

Nous avons rendez vous à 19h15 avec MADHUMITA « la douce amie » en sanscrit,  pour aller à un spectacle de danse, une fête de la danse à Auroville. MADHUMITA est toujours lumineuse, gracieuse et souriante. Elle nous annonce qu’elle nous invite à un mariage indien le 10 février, veille de notre départ.

Samedi 5 février

Au dispensaire, nous soignons 4 malades : le chauffeur de ARUVI pour une costalgie aigüe après avoir soulevé un poids, la maman de Koumar, diabétique, dont l’abcès cutané nous permet de préciser que certaines situations relèvent de manière impérative de la médecine occidentale. Ce à quoi Alexander, répond que la médecine ayurvédique  rééquilibre de façon spectaculaire certains diabètes 2 à un stade pas trop avancé. Il faut noter que l’incidence du diabète augmente de manière importante en Inde.

On soigne également la femme qui était venue pour une douleur au genou, qui va beaucoup mieux et le papa de Koumar, pour des transpirations après les repas.

L’après-midi, Claudine expose les 6 grands méridiens et les régulations climatiques. Nous faisons 2 pauses car ils semblent assez perplexes. Cependant, ils semblent avoir bien intégré ces notions difficiles. Ils sont 15 à participer au cours.

Samedi soir, nous sommes conviées à une soirée organisée pour nous par MADHUMITA au guest-house, « gratitude », rue Romain Rolland. La maison coloniale avec jardin intérieur est splendide, ornée de bougies. C’est un émerveillement de beauté, d’émotion, l’accès à un autre monde. Les poèmes, de Shri AUROBINDO, ou extraits des Védas sont dits en anglais : India, Devotion, Dance. .

Dimanche 6 février

Grâce à HEIDI, aurovillienne depuis 6 ans, heilpraticker et praticienne en shuatsu, nous pouvons visiter le Matrimandir – HEIDI est d’ailleurs à la réception du Matrimandir le mardi.

Nous retrouvons ALEXEI, qui nous fait visiter le centre Kaïlaish, où il travaille, avec 3 autres médecins, centre assez petit mais agréable. Dans ce centre, ils soignent également gratuitement les habitants du village voisin. Les aurovilliens donnent une participation de 100 roupies.

Détente au centre Equilibre d’Auroville, avec un massage fabuleux de Rita.

Lundi 7 février

L’après midi, je présente le cours sur les méridiens curieux. Il n’y aura pas de pratique. Nous commençons à préparer nos QCM pour le test de vendredi.

Nous allons soigner le papa de Madhumita et Devasmita, âgé de 85 ans, dans leur magnifique demeure.

Mardi 8 février 11

4 étudiants sont présents à la consultation le matin.

Une femme qui tousse depuis 3 mois, a des douleurs à la poitrine, ce qui permet de repréciser la nécessité d’un diagnostic occidental précis. Elle a également des douleurs aux deux genoux.

Mercredi  9 février 11

Au dispensaire, il y a 6 étudiants, Heidi, Koumar, Satish et Aruvi, le sidha doctor et un acupuncteur non médecin.

Nous recevons 5 patients, pour des pathologies douloureuses, une femme pour des leucorrhées et douleurs gynécologiques, un cas typique de Dai Mai.

L’après-midi, Claudine présente à nouveau « énergie et sang » qui pose problème à beaucoup, et toute la pathologie gynécologique : c’est extrêmement clair. Nous ne faisons pas d’atelier pratique.

Jeudi 10 février 11

La consultation au dispensaire est riche de questions et d’informations apportées.

J’ai l’impression qu’ils ont bien compris le cadre : interrogatoire, observation, prise des pouls, examen clinique, diagnostic en terme de médecine occidentale (est ce que cela relève de la MTC) ; diagnostic en terme de médecine traditionnelle chinoise.

Entre midi et 2 heures,  nous allons à nouveau visiter le papa de Madhumita. Nous sommes remerciés par un repas princier, où des saveurs inconnues se mêlent à des mets nouveaux, savamment préparés : la matinée a sans doute à peine suffit à préparer toutes ces choses délicieuses.

L’après midi est consacré à des révisions, sous forme de réponses aux questions et de travail sur une observation clinique (un cas de tendino-musculaire de Shou Tae Yin dans un problème de mouvement du métal) et un exposé du traitement des douleurs lombaires aigues et chroniques permettant aux étudiants de revoir une partie des cours enseignés lors de cette mission (les tendino-musculaires, les Lo, les méridiens curieux en particulier).

Vendredi 11 février 11

Matinée à Certh India.

Vincent et Heidi sont présents.

Déjeuner avec le docteur Elengovan et Monique dans un restaurant haut de gamme, dans un hôtel de standing.

Après midi consacrée à faire passer les tests, sous forme de réponse à un QCM de 30 questions, puis d’atelier de localisation de points (par groupe de 3 ou 4).

CONCLUSION :

1 / sur le plan de l’accueil : Il a été très chaleureux, tant celui du  docteur Vaman, à Chennai qui nous a reçu pendant 2 heures, que celui du docteur Elengovan, qui a mis à notre disposition une magnifique salle de conférence, que celui du docteur Bala, à qui nous devons  la possibilité de faire des séances pratiques pour nos étudiants et surtout la mise en place d’une consultation hebdomadaire d’acupuncture.

2 / sur le plan de l’enseignement donné : nous avons été efficaces sur le plan pédagogique (polycopiés donnés, dessins projetés, répétition des informations, pratique le matin et une partie des après-midi -localisation et puncture- et surtout mise en place d’une interactivité réelle) ; cependant, malgré une écoute attentive, une participation effective, il semble, au vu des résultats des évaluations de fin de stage, qu’il reste encore beaucoup de lacunes.

Tout ce que nous avions prévu de réviser puis d’enseigner a été transmis.

3 / sur le plan du projet futur :

  • grâce au docteur Bala, et à la motivation consciencieuse et efficace de Koumar et Satish, qui seront responsables du groupe des étudiants sur place, une consultation d’acupuncture va être assurée 2 fois par semaine. Les patients seront vus au préalable par un médecin, qui déterminera si la pathologie présentée relève ou pas de l’acupuncture. Nous demandons à ce que les étudiants se concentrent sur les pathologies douloureuses et que les responsables tiennent un registre des consultations. Les étudiants s’engagent à venir participer à la consultation régulièrement, pour la « faire tourner ».
  • Alexander, Heidi et Vincent, les aurovilliens, se disent prêts à mettre en place une consultation d’acupuncture, pour les villages attenants Auroville, au centre Kaïlash : à suivre.
  • Le docteur Vaman, bien qu’absent à la réunion fixée avec son accord le vendredi, a accepté de superviser ce groupe : affaire à suivre également.

QUESTIONS SOULEVEES

1 / L’acupuncture a toute sa place en Inde, les participants sont très intéressés et réceptifs à cette méthode, dont les racines viennent pourtant de leur puissant et proche voisin : la connaissance, le désir d’apprendre et de soigner n’ont que faire des frontières, c’est une constatation toujours source pour moi d’un grand émerveillement ; l’esprit reste libre au-delà des frontières, au-delà du temps.

2 / Quel est le niveau qu’ASF souhaite donner aux praticiens formés ?

Dans tous les cas, des missions de suivi me semblent importantes à programmer.

Dominique Georget-Tessier, 27/2/2011